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octobre 2016

Concours Police - Témoignage de Elodie

elodie« Dans ma promotion, il y avait 50% de femmes. Depuis 2003, la profession s'est beaucoup féminisée. Quand on est enceinte, on est exemptée de voie publique. A l'école, on est quand même jugées sur des murs de deux mètres à sauter, des parcours du combattant presque comme les hommes…»

Pourquoi avez-vous voulu être policière ?

C'est une profession que je veux faire depuis toute petite. De plus, j'ai un cousin dans la police qui m'en a parlé.

Comment êtes-vous devenue gardien de la paix ?

J'ai eu un CAP-BEP secrétariat en 1995, puis j'ai fait des petits boulots. J'ai passé et raté le concours de gardien de police nationale une première fois, puis j'ai passé celui d'adjoint de sécurité (ADS). A l'époque, il fallait passer des tests psychotechniques et un entretien de motivation.

Combien de temps avez-vous été adjointe de sécurité ?

J'ai d'abord suivi une scolarité de deux mois en école de police pour découvrir la profession, le travail, les missions. Puis j'ai été adjoint de sécurité pendant quatre ans, de 2000 à 2003. J'assistais les gardiens de la paix dans leurs missions de police-secours. A cause du manque d'effectifs, j'ai souvent fait le même travail que les gardiens (sauf le judiciaire), mais avec un salaire inférieur : j'ai commencé à 900€ par mois. L'avantage d'ADS, c'est qu'on reste dans la ville où on a passé le concours de police nationale, alors que comme gardien de la paix, il faut partir en région parisienne.

Votre expérience d'ADS vous a-t-elle servie pour le concours de gardien de la paix ?

Oui, car j'ai pu passer le concours interne, réservé aux ADS. C'est le cas de beaucoup de monde dans mon commissariat. A l'époque, il n'y avait pas de condition de diplôme.
Le concours interne est plus facile que le concours externe : j'ai eu simplement une dissertation sur un sujet d'actualité et des tests sur les connaissances professionnelles. Pour le préparer, j'ai revu mes cours d'ADS et c'est tout. A l'oral, on parle de notre motivation, de nos projets d'évolution de carrière.

Avez-vous fait votre formation de gardien tout de suite après le concours ?

Non, j'ai eu le concours en 2002 mais j'ai dû attendre 2004 pour rentrer à l'école de police de Nîmes. En attendant, j'ai continué comme ADS. Une fois en formation, j'ai fait trois mois d'école et trois stages d'un mois dans un commissariat, repartis dans l'année (aujourd'hui ces trois stages se suivent).

Comment avez-vous eu le diplôme ?

Les notes aux contrôles continus école et nationaux déterminent le classement qui permet de choisir un poste. Si on n'a pas assez de points, on peut avoir un report de scolarité ou redoubler un trimestre, mais c'est rare. Le major choisit d'abord et le dernier se retrouve à Paris, planton devant l'Elysée ou une ambassade. J'étais en milieu de classement mais, grâce à un problème familial, j'ai pu choisir une ville du sud près de chez moi. Les trois-quarts de mes collègues sont partis en région parisienne.

Y avait-il beaucoup de femmes gardien de la paix comme vous ?

Dans ma promotion, il y avait 50% de femmes. Depuis 2003, la profession s'est beaucoup féminisée.
Quand on est enceinte, on est exemptée de voie publique. A l'école, on est quand même jugées sur des murs de deux mètres à sauter, des parcours du combattant presque comme les hommes (sauf la course qui est de 2000 mètres pour les femmes et 3000 pour les hommes).

Quelle est votre journée-type de gardien de la paix ?

Je fais des services de police-secours de proximité. On va par exemple enlever un véhicule qui bloque la sortie d'un garage, secourir une femme qui demande assistance parce que son mari la tape ou ne veut pas lui rendre ses enfants, baliser un accident ou assurer une hospitalisation en hôpital psychiatrique demandée par un tiers. Pour un décès à domicile, on va sécuriser l'accès de l'appartement en attendant les pompes funèbres. On est toujours dehors. On tourne dans toute la ville. On patrouille et on nous appelle quand il se passe quelque chose. Les interventions peuvent durer de 20 minutes à 2 heures.
Je travaille le matin ou l'après-midi en cycles de quatre jours de huit heures (5h-13h ou 13h-21h) suivis de deux jours de repos. On n'a pas pratiquement jamais de week-ends (un toutes les 6 semaines environ). C'est difficile à gérer avec des enfants. Mon fils le vit mal et me dit que je travaille trop.

Aimez-vous ce métier ?

Le métier me correspond. Mais je suis déçue par le regard qu'a la population sur le gardien de la paix et la police en général. Si un fonctionnaire de police est blessé, les médias font un tout petit article alors que si c'est un citoyen qui est blessé par un policier, tout le monde crie au scandale. On n'a pas de reconnaissance de la population. Les gens sont de plus en plus agressifs avec nous, ils n'ont plus de respect, plus de crainte, ils nous tutoient. Quand j'étais petite fille, j'avais du respect pour les policiers.

Avez-vous des satisfactions ?

Oui, quand on voit une affaire aboutir par exemple. Le problème est qu'on est peu informés des suites. On a tellement de travail qu'on ne peut pas traiter les affaires de A et à Z. C'est frustrant.

Combien gagnez-vous pour ce travail ?

Le salaire en début de carrière est de 1500€ net, un peu plus en région parisienne à cause de la prime de résidence). Je n'ai pas eu d'augmentation depuis cinq ans. Avec ce salaire, même comme fonctionnaire, on ne peut pas prendre un appartement sans caution des parents.

Si c'était à refaire ?

Si c'était à refaire, je le referais, car j'aime mon travail. Mais je veux évoluer. Pour cela, il faut passer des examens sur les acquis professionnels (droit, infractions, armes…), il faut potasser beaucoup et il y a peu de réussite. Mon conseil pour un jeune, c'est de passer les examens le plus tôt possible.