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octobre 2016

Concours police : Témoignage du Commissaire-divisionnaire Raymond D

raymond«Il faut être pro, faire les choses très bien, être à fond dans ce qu'on fait. Si on est sûr d'avoir vraiment envie de ce qu'on entreprend, que l'on s'investit dedans, on en retire beaucoup de satisfactions. Mon expérience est que la promotion est riche d'enseignements et synonyme d'épanouissement personnel et professionnel.»

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Je suis commissaire-divisionnaire, chef du service départemental de nuit en Seine-St-Denis. Je gère les effectifs sur le département (23 commissariats plus les CRS et la BAC) de 19h à 6h du matin, avec une équipe resserrée d'une quarantaine de personnes. Nous gérons les événements d'ordre public et judiciaire, par exemple quand ça pète dans une cité, pour un forcené armé, un accident de train ou un accident corporel grave.

Comment a commencé votre carrière ?

J'ai passé le concours en 1979, avec le niveau BEPC. Après une formation à l'école de Joinville en 1980, j'ai débuté comme gardien de la paix le 1er octobre 1980 à Paris. J'ai travaillé dans différents arrondissements puis dans le 5ème groupe de compagnie qui faisait du maintien de l'ordre pendant les manifestations.

Comment, de gardien, êtes-vous devenu commissaire-divisionnaire ?

A l'école de gardien, avec quatre copains, on s'était dit que l'on allait passer le concours d'inspecteur. Nous sommes deux à avoir vraiment entrepris les études. En 1981, j'ai fait une capacité en droit pour passer le concours d'inspecteur (car je n'avais pas le bac) et comme l'appétit vient en mangeant… j'ai fait un DEUG, une licence, une maîtrise, un DESS et l'Institut de criminologie de Paris II.
En rentrant comme gardien, je n'aurais jamais imaginé faire cette carrière. Petit à petit, on acquiert une ouverture d'esprit, une confiance en soi et l'appétit d'étudier. A Paris, on y est encouragé car c'est très dynamique.
Mes collègues se souviennent toujours de moi comme quelqu'un qui avait toujours le nez dans les bouquins. Pour avoir un rythme qui me laisse du temps pour étudier, j'avais choisi un travail de nuit ou des vacations avec des roulements matin 6h-13h ou après-midi 13h-21h.

Vous êtes passé du corps d'encadrement et d'application (gradés et gardiens) à celui de direction et de conception (commissaire)… Un autre métier !

En 1992, j'ai passé les concours d'inspecteur, d'officier et de commissaire. Nous sommes 26 à avoir été retenus en interne pour devenir commissaires. 50 ont été recrutés par le concours externe. De 1992 à 1994, je me suis formé à l'Ecole nationale supérieure de la police nationale de St-Cyr du Mont-d'or près de Lyon. J'ai commencé comme chef d'un commissariat en charge d'une circonscription de sécurité publique en Seine-et-Marne.
Ensuite, mes choix d'affectation se sont fait selon plusieurs paramètres : j'aime gérer un service, mais avec des missions avec de l'imprévu, pour avoir ma dose d'adrénaline. J'ai été chef de section criminelle et de répression du banditisme à la première Division de Police Judiciaire de Paris, puis chef de circonscription de sécurité publique à Gagny-Montfermeil puis à La Courneuve, au moment des émeutes de décembre 2005. On m'a proposé ensuite ce service départemental de nuit en Seine-St-Denis, un challenge car c'est le premier service de ce type.
Quand on fait ce travail et quand ça pète de partout, comme par exemple au moment des émeutes de banlieue, on est comme un médecin. On cherche les symptômes, d'où vient le problème, quels secteurs protéger. On réfléchit à comment patrouiller (à pied, en voitures banalisées ou signalisées ?), où placer les chefs, comment les faire intervenir pour coordonner 1500 personnes, comment motiver les équipes.

Cela vous a-t-il été utile d'avoir été gardien auparavant ?

Rentrer tôt dans la police permet d'acquérir de l'expérience. La position de quelqu'un qui débarque à 25 ans comme officier ou commissaire n'est pas une position simple.

Quels conseils donneriez-vous à vos jeunes collègues ?

Il faut être pro, faire les choses très bien, être à fond dans ce qu'on fait. Si on est sûr d'avoir vraiment envie de ce qu'on entreprend, que l'on s'investit dedans, on en retire beaucoup de satisfactions. Pour les études, c'est comme la course à pied : ce sont les premiers kilomètres les plus difficiles et après c'est de plus en plus facile. Mon expérience est que la promotion est riche d'enseignements et synonyme d'épanouissement personnel et professionnel.