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octobre 2016

Concours Police - Témoignage de Marie

marie«La formation dure 11 mois […] le premier mois, on apprend notre place dans la police par rapport aux autres services et au dehors. La formation théorique dure cinq mois [...] On part en stage cinq mois.
Dès le premier mois, on gagne 1300€ net.»

Comment et pourquoi avez-vous décidé de travailler
dans la police ?

Après mon bac STL en 2003, je voulais devenir éducateur spécialisé à la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) pour le côté social, pour aider
les enfants. Je me suis aussi renseignée sur la police, lors de la Semaine
de la Sécurité organisée par Védior Bis pour faire découvrir les métiers.
Je me suis rendue compte que c'est cela que je voulais faire.

Avez-vous eu le concours de gardien de la paix du premier coup ?

Non. La première fois que j'ai passé le concours de gardien, le bac n'était pas obligatoire et je l'ai raté à quelques points. La deuxième fois, en 2005, le bac était devenu obligatoire et la sélection plus rude. Peut-être ne l'ai-je pas assez préparé ? J'ai donc raté deux fois le concours de gardien de la paix. En attendant de l'avoir, j'ai tenté le concours d'ADS (adjoint de sécurité), pour être sûre de mon choix.
Finalement, j'ai eu le concours d'ADS en mars 2006, j'ai commencé l'école en août puis j'ai eu celui de gardien en septembre.

Comment aviez-vous préparé le concours ?

J'ai acheté les annales, j'ai suivi l'actualité et la politique dans les journaux, j'ai relu mes cours du préparation du concours d'éducateur pour les tests psychotechniques et pour la culture générale, mais c'est tellement vaste que c'est difficile de tout savoir, même en révisant pendant des années ! Les questions du QCM (questionnaire à choix multiple) portaient par exemple sur : Qui a écrit tel livre ? A quel département correspond tel numéro ? Qui était ministre en telle année ? Des questions de géographie, d'histoire, d'art… La culture générale, c'est ce que j'ai trouvé le plus difficile.

Comment s'est passé l'oral du concours ?

On passe devant quatre personnes, un psychologue, un haut fonctionnaire, deux gradés de services différents, commissaire ou commandant. On se présente. Ils nous interrogent sur ce qu'on est prêt à faire (partir à Paris, avoir des horaires variables, risquer la violence), sur la logique de notre parcours. Je leur ai dit que je ne voulais pas faire autre chose que ce métier parce qu'on se lève le matin sans savoir ce qu'on va faire, qu'on est actif toute la journée, qu'on règle des problèmes, qu'on sert à quelque chose !

Votre formation d'ADS vous a-t-elle servi pour le concours de gardien ?

Comme ADS, on a une meilleure préparation pour l'oral parce qu'on est sûr de ce qu'on veut faire. Dans mon école, un tiers de ma promo a eu une expérience d'adjoint de sécurité auparavant.
La formation dure trois mois et ressemble à celle de gardien, en plus succinct. On passe en revue les grandes bases : infractions, tir, sport, armement…
Quand on a le concours, on est envoyé dans l'école où il y a de la place. Pour moi qui ai passé le concours à Toulouse, cela a été Rouen. Comme j'étais loin de chez moi, je n'avais pas grand chose d'autre à faire qu'à réviser le concours de gardien ! J'ai donc doublé le temps de travail sur les révisions (cinq mois à partir du moment où j'ai connu la date du concours). Tous les week-ends, dès que j'avais un moment de libre, j'étais plongée dans les annales, les évaluations du concours qu'on trouve au SGAP (le service qui nous donne les dates de concours). J'ai donc été reçue au concours de gardien au troisième passage, avec 1100 autres candidats dans toute la France.

Et l'épreuve de sport ?

Il y a le parcours police. En temps limité, on doit faire un aller/retour avec un sac lourd, trois pompes puis un parcours avec des obstacles, sauter des haies, passer dans un tunnel, monter à une échelle… Maintenant, il y a une note éliminatoire de 7 à cette épreuve mais ce n'était pas le cas quand je l'ai passé.
J'ai eu aussi un test de Luc Leger : on doit courir d'un côté à l'autre du gymnase et arriver de l'autre côté avec le bip. Les bips sont de plus en plus rapides.
A l'issue de ces épreuves, on passe une visite médicale et les renseignements généraux enquêtent sur nous et notre famille, pour savoir si on a eu des ennuis avec la justice…

Une fois le concours de gardien en poche, qu'avez-vous fait ?

J'ai réussi le concours de police nationale en septembre 2006, mais je ne suis entrée à l'école qu'en septembre 2007, faute de place. Pendant cette année, j'ai travaillé comme adjoint de sécurité. D'abord à la PAF (police des airs et des frontières) au centre d'information et de commandement de l'aéroport de Blagnac. Après trois mois, je suis partie en brigade transfrontière dans l'aéroport. On vérifiait les passeports hors Schengen (faux papiers, validité de séjour), on réglait les différends entre passagers dans l'aéroport. Les horaires était du 4-2 (quatre jours de travail dont deux le matin de 5h à 13h et deux l'après-midi 13h à 21h, deux jours de repos, sans jours fériés ni week-end). Trois mois plus tard, je suis partie à la sureté (les voyages officiels) pendant 6 mois. 

Comment se passe la scolarité à l'école de police ?

La formation dure 11 mois et est beaucoup plus poussée que celle d'ADS. Le premier mois, on apprend notre place dans la police par rapport aux autres services et au dehors. La formation théorique dure cinq mois. On apprend toutes les infractions qui existent, les actes de police, les cadres d'enquête, le code de déontologie, ce qu'on a le droit de faire ou pas, comment faire un procès-verbal (audition, dépôt de plainte, main-courante). Ces cinq mois sont très chargés, très durs.
On fait du sport : parcours police, courses fractionnées, self-défense (boxe, ripostes, réagir aux agressions au bâton, au couteau…), des sprints sortie de voiture…
On apprend l'armement (comment utiliser les armes, les démonter, en analyser la catégorie) et le tir avec l'arme qu'on aura en service (le Sig Saurer, un pistolet automatique 9 mm de catégorie 1).A la fin des cinq mois, qui comprennent deux contrôles-école, on a un contrôle national.

Puis vous partez en stage…

On part en stage cinq mois. A Toulouse, on tourne dans les différents commissariats. Le premier mois, je suis passée au commissariat central au SOPSR (service d'ordre de protection et de sécurité routière), ensuite au commissariat Sud en police secours puis à Blagnac en brigade. J'ai passé les deux mois suivants à Blagnac : en 4-2 (4 jours de travail de matin ou d'après-midi puis deux jours de repos), puis 15 jours de nuit en police secours, 15 jours en investigation à la brigade de la sureté urbaine. Cela permet de découvrir différents rythmes de travail, de changer de collègues.
Tous les mois, les formateurs viennent nous voir et nous évaluent sur ce qu'on fait en service et qu'on a appris à l'école. Une fois par mois, on vient à l'école et on fait un retour de compétences avec son formateur. On parle de ce qu'on ressent, de ce qui se passe bien ou mal en stage.

Votre formation est-elle rémunérée ?

Dès le premier mois, on gagne 1300€ net. On doit décider dans les trois premiers mois si on veut rester. Si on part après, il faut rembourser. Dans notre classe, une personne est partie parce qu'elle avait eu le concours de pompier et une autre a reporté sa scolarité pour des raisons de santé.

Comment se termine la formation ?

En rentrant de stages, on a un examen de simulation. On est comme en service, en brigade, mais au sein de l'école.
A la fin, on est classés de manière nationale. Je fais partie d'une promo de 43 personnes sur 1180 dans toute la France. Notre classement nous permet de choisir nos postes, dont on sait que 90% sont en région parisienne. On sait avant de rentrer qu'on devra y partir...

Que voulez-vous faire après l'école ?

Je sais ce que je ne veux pas : faire du piquet devant une ambassade ou la circulation.
A part ça, tout m'intéresse, en commissariat ou en police-secours.
J'aimerais passer OPJ (officier de police judiciaire) au bout de trois ans. C'est une qualification qui permet de prendre les procédures. Cela ouvre des portes pour certains services. Dès que je pourrais, je passerais les grades pour devenir brigadier, brigadier-chef puis brigadier-major.
Ensuite, je verrais. C'est un métier qui a beaucoup de branches. On peut changer autant de fois qu'on veut, toucher à tout, de la canine pour ceux qui aiment les animaux, à l'investigation ou à la police-secours pour ceux qui aiment le terrain, à la BAC ou la CRS pour ceux qui aiment les trucs plus musclés.